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La démarche Low-Tech appliquée aux territoires - conférence du 06/12/2022

Interviews

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03.02.2023

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En une du dernier Hippocampe, la Low-Tech ! J'ai assisté à la conférence de Low-Tech du 6 décembre et vous retranscris ici le témoignage et l'opinion de Jean-Baptiste THONY sur l'impact de Low-Tech.


Lire l'Hippocampe



           

                A PROPOS DE JEAN-BAPTISTE THONY



Jean-Baptiste THONY ECN 2010 









Il a commencé sa carrière dans divers emplois techniques, le dernier en date chez Mercédès-
Benz. Après un burn-out, et en « dissonance cognitive » avec ses premières fonctions, il part au bout du monde en VAN, pour redonner du temps au temps et, à cette occasion, se réveille
sa fibre environnementale.




De retour en France en 2017 il s’installe à Bordeaux, exerce quelques temps, le métier de professeur remplaçant en maths et sciences dans un lycée professionnel dans la filière Santé-Social, largement surreprésentée par les féminines et, considéré comme trop à l’écoute des élèves, abandonne au bout d’une année. Il rentre alors dans une phase de militantisme associatif climat, souvent en désobéissance civile, suite au refus qu’il eut pour un poste d’ingénieur plateforme au pôle Nord car trop âgé. C’est durant cette période qu’il lance un projet de Low-Tech lab où sont dispensés des cours de bricolage, prêté des outils, proposé des matériaux et des pièces détachées dans une communauté d’entraide et de sensibilisation et d’autonomisation. Il se réconcilie ainsi avec son métier d’ingénieur. Il cofonde Low-Tech Bordeaux, qu’il quitte lorsqu’il est conduit à se présenter dans une liste aux élections municipales puis élu a fin d’éviter le conflit d’intérêt.

« La Low-Tech dépasse l’Eco-Conception car elle intègre une dimension sociale et sociétale. Elle étudie l’impact de la technologie sur la société. Par exemple, est-il nécessaire de déposer un brevet si une innovation répond à un besoin urgent de la population ? ou faut-il toujours systématiquement soutenir une industrie, stagnante voire en déclin, si elle ne répond plus aux critères en cours environnementaux ou autres : Une automobile ne peut-elle pas être partagée dans son usage ?

L’ingénieur a un rôle de relai de la parole scientifique. Mais cela ne suffit pas. Il faut ajouter les aspects : économie, droit, sciences humaines, sociales, psychologiques et comportementales pour poser un problème de manière globale.

Donc faire de la Low-Tech est un engagement politique dans l’action, pas seulement dans un parti, quand on questionne les conséquences d’une création sur la société. Accélérer la transition écologique aussi.

Un mandat d’élu est complexe car la seule volonté politique ne suffit pas.

Il faut tenir compte des différentes compétences des collectivités qui sont très hiérarchisées entre l’Europe, l’Etat, la Région, le Département, la Métropole et la Commune.

Par exemple le lycée et l’économie circulaire vont à la Région, le collège au Département, les déchets à la Métropole, l’éducation primaire, les crèches, la culture et le sport à la Ville. Or certains domaines sont transversaux. Et la collectivité n’est quasiment pas aidée. La suppression de la taxe d’habitation, impôt propre à la ville, n’arrange pas les choses surtout avec la très forte hausse du prix de l’énergie.

Il faut tenir compte aussi des moyens financiers. L’état reverse faiblement de l’argent, mais pratiquement rien pour les projets. On cherche donc des subventions en respectant les règles imposées. L’action publique est souvent financée par le privé par des taxes par exemple (éco-emballages). L’endettement ne peut se faire que sur l’investissement ce qui limite largement les marges de manœuvre. L'autonomie des collectivités est très limitée.

Il faut compter aussi sur l’acceptabilité interne et externe. Certains membres de l’administration peuvent vouloir freiner les initiatives et la population peut avoir une position ambigüe si des intérêts personnels sont en jeu. En cas de blocage s’ouvre une phase de concertation puis un vote. Un exemple sur Bordeaux est le problème d’arrachage d’arbres dans des ilots de chaleur fréquents dans cette ville.

Donc le rôle d’élu, à part les mariages et la sécurité, pour la Low-Tech consiste à multiplier les contacts de transversalité et de faire aboutir des projets pour répondre aux besoins du territoire. Tout n’est pas binaire dans la transition énergétique. Chaque centième de degré gagné compte. Cela se fait petit à petit. Egalement le lien avec l’ESS est important. Dans ce système, la rentabilité d’une entreprise n’est pas reversée à des actionnaires mais est réinvestie dans le besoin ou les objectifs sociaux qu’elle s’est fixée. On peut en reparler plus tard si vous le souhaitez.

Je vais m’expliquer par des exemples.

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Un projet low-tech ce peut-être un logement étudiant qui intègre le bien-être étudiant. C’est aussi la possibilité de la gestion des excrétats (fumènerie) en milieu urbain. En tant qu’élu métropolitain je suis chargé de la gestion des déchets.

Un autre exemple aussi significatif est la monnaie locale complémentaire. En tant qu’élu j’ai la délégation sur ce domaine. Une monnaie locale a cours sur un territoire restreint. C’est dans la loi en France. C’est un outil magnifique pour l’accompagnement économique et écologique régional. Déjà le taux de change avec l’Euro est toujours le même : 1 Euro= 1 Gem. Il faut être adhérent au système par le biais d’une association. On crée alors une boucle économique locale très résiliente. Ce réseau est soumis à une charte qui contient des critères environnementaux, sociaux, culturels, etc…

La monnaie locale circule vite et tout le temps dans le territoire créant une dynamique économique. Par sécurité l’équivalent de la monnaie est mise dans un compte d’épargne d’une banque éthique qui, elle-même, investit dans l’économie locale. Un mouvement national fédère les monnaies locales. Ces dernières sont un outil adapté aux lois économiques changeantes qui ne sont pas universelles.

Un territoire est dit low-tech dès que les habitants se l’approprient et répond donc à leurs besoins tout en tenant compte des contraintes propres de ce territoire : transport, alimentation, éducation, …et ainsi peut recréer un espace public. La technique est au service de la société. C’est une réappropriation sociale.

Merci beaucoup de vos questions et de votre attention.

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Vous pouvez retrouver la vidéo de la matinale avec Jean-Baptiste THONY ici.

Article extrait de l'Hippocampe 116 de décembre 2022

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