Vendredi 9 février, nous étions 18 alumni Centraliens à être accueillis dans l’espace interactif de RTE, un bâtiment qui jouxte le dispatching implanté à Marseille Bonneveine, avec la mission d’assurer en permanence le pilotage de la production et de la distribution électrique pour toute la zone Sud-Est de la France métropolitaine (Corse exceptée car alimentée par 2 câbles maritimes à partir de l’Italie). Nicolas KITTEN (Supélec 1997) nous a chaleureusement reçu et a sollicité son prédécesseur Didier LAINE (ECN 1987, parti en retraite en 2023) pour animer à 2 voix la présentation des activités de RTE, et plus particulièrement celles de RTE Méditerranée, avec ses différentes contraintes techniques et administratives et pour ouvrir les perspectives liées au développement de la transition énergétique. La formule interactive des échanges alimentés par les questions du public a été plébiscitée par tous les participants. Ces échanges se sont largement prolongés au cours du déjeuner servi dans un restaurant du voisinage.

Arrêt sur image pour un focus particulier sur un évènement significatif qui a mobilisé toutes les forces vives de RTE Méditerranée. Nous sommes le lundi 3 Novembre 2008. Depuis le début de matinée, un violent orage éclate sur les massifs de l’arrière-pays varois. L’unique ligne d’alimentation à 400 kV est coupée et par un effet de cascade, toutes les connexions annexes disjonctent de façon automatique, sans la moindre intervention humaine. Il est 9h40, c’est la situation redoutée de black-out pour l’extrême Sud-Est couvrant l’ensemble du département des Alpes-Maritimes et la frange orientale du Var. C’est alors aux dispatcheurs que revient la tâche de recoller les morceaux de façon progressive afin d’éviter la propagation de la défaillance dans le réseau amont. Mission accomplie en moins de 5 heures puisqu’à 14h la situation est normalisée. Que retenir d’un tel évènement ? Avant tout, c’est l’illustration de la précarité de l’alimentation électrique d’une région sans moyen significatif de production dans sa partie orientale (c’est aussi le cas de la Bretagne) et dépendante d’une seule artère externe, une situation dénoncée depuis longtemps par les spécialistes et aggravée par la décision du Conseil d’État (décision rendue le 10 juillet 2006 et annulant la DUP du 5 décembre 2005) d’annuler le projet de seconde ligne à 400 kV qui exigeait une traversée du Parc Naturel régional du Verdon par une  ligne aérienne.

Depuis, des renforcements de réseau sur la base de nouvelles liaisons 225 kV souterraines ont été réalisés améliorant sensiblement la situation sans toutefois offrir le même service qu’aurait offert le bouclage 400 kV. Autre retour d’expérience important : le démarrage aléatoire des groupes électrogènes qui équipent les bâtiments sensibles comme les hôpitaux. Plusieurs défaillances ont été enregistrées pendant cet évènement, illustrant ainsi la nécessité d’assurer le bon entretien de ces équipements avec à la clé des essais périodiques. Cet évènement fâcheux n’a fait aucune victime, sa survenue en milieu de matinée à un moment où le réseau n’est pas trop sollicité a sans doute été une circonstance favorable pour en limiter l’impact.

André CHALONY (S1959)

Animateur du groupe régional Provence Alpes