Un Centralien de Lyon poursuit sur un Mastère à Centrale Nantes : Benoît Courtemanche, Ingénieur R&D au CETIM
Ingénieur R&D spécialisé en matériaux composite auprès du CETIM, Benoît Courtemanche (ECL2007 - Mastère Audencia Centrale Nantes E2020) a débuté en septembre 2020 un mastère spécialisé APTE « Acteur pour la Transition Énergétique » dirigé par l’École de Management Audencia et Centrale Nantes. Une année de césure qui est l’aboutissement d’une prise de conscience sur le rôle de l’ingénieur dans les changements à venir.
Bonjour Benoît. Tu travailles auprès du CETIM depuis 2011. Pourquoi avoir décidé de revenir sur les bancs de L’École pour te former à la Transition Énergétique ?
Historiquement, le CETIM est un interlocuteur incontournable en matière d’innovation mécanique et les problématiques liées à la Transition Energétique ont pris ces dernières années de plus en plus de place. L’État nous a clairement missionnés pour accompagner les industries dans cette voie. Mais je trouvais que mes connaissances techniques ne suffisaient pas à avoir une vision globale des enjeux et des actions à mener en faveur de cette transition. Je voulais mettre en cause les raccourcis intellectuels que je pouvais avoir, aller chercher des idées complexes et apprendre à maîtriser les leviers efficaces pour être à la hauteur de la mission d’accompagnement qui nous était confiée. Le jour où j’ai découvert l’existence de ce mastère spécialisé dirigé par l’Ecole de management Audencia et Centrale Nantes, j’ai su qu’elle répondait exactement à ce que cherchais.
En quoi consiste précisément ce mastère ?
Pour résumer, cette formation en faveur de la transition énergétique vise à questionner la performance de l’entreprise et la façon de la mesurer d’après le triptyque économique, social et environnemental. Il y a évidemment une forte dimension technique portée par Centrale Nantes au travers de l’étude des nouvelles énergies, des solutions innovantes pour réduire les consommations d’énergie, mobiliser davantage les sources d’énergie renouvelable. Parallèlement, on s’intéresse aux enjeux et aux impacts de cette transition énergétique sur la stratégie des entreprises que ce soit d’un point du vue marketing, financier, managérial etc. Par exemple, on va interroger chaque modèle d’entreprise en le projetant sur le moyen et long terme afin d’analyser ses performances non seulement économiques, mais aussi écologiques et sociétales. Une entreprise « durable », c’est-à-dire « capable de durer », doit intégrer les risques liés à la transition énergétique et en tirer les conclusions. Sans ce travail de projection, elle s’expose à des risques financiers, opérationnels, mais aussi liés à sa réputation.
Quels sont les profils des élèves de ce mastère ?
Mes camarades ont de 22 à 50 ans et viennent d’horizons professionnels très différents. Il y a 50 % d’ingénieurs issus de secteurs comme la mécanique, le BTP, le forage, l’agro etc. L’autre moitié travaille dans le commerce, les transports maritimes, les RH ou l’économie sociale et solidaire. Il y a même un directeur de théâtre et un ancien trader ! Les profils sont donc très variés et participent à l’intelligence collective nécessaire à la réflexion autour de l’avenir des entreprises et l’approche sociétale.
Cela fait maintenant un peu plus de 3 mois que tu suis cette formation. Que retiens-tu principalement de tes cours ?
D’abord qu’être étudiant n’est pas de tout repos ! Ensuite, j’ai pris conscience qu’on n’arrivera pas à mener à bien la transition énergétique uniquement avec des calculs d’ordre de grandeur et des arguments rationnels. Et c’est un ingénieur qui te dit ça ! Ma formation très cartésienne m’a amené à négliger le poids des comportements qui pèse sur les changements à mener. Tout le monde ne réagit pas de la même façon aux efforts à fournir pour adapter nos comportements. Il n’existe pas un seul levier pour faire réagir les gens. Si on cherche à imposer des modèles en disant la transition énergétique c’est ça, on risque de créer des crispations et des clans. On a tous grandi avec des modèles, des idées de la réussite, de la performance dans l’entreprise et en dehors, et ça se respecte. La solution passe par de l’accompagnement, que l’on retrouve d’ailleurs dans la notion de « transition ».
Quel regard porte ton employeur sur ta démarche de formation ?
La mission d’accompagnement que nous a confiée l’État auprès des industries sur les questions de Transition Énergétique a donné du sens à ma démarche non seulement d’un point de vue individuel, mais aussi pour mon employeur au CETIM. Après les 6 mois de formation théorique, j’y effectuerai mon stage en qualité de consultant. Les contours de mon rôle restent à préciser mais je me sens investi d’une mission de faire bouger les lignes en interne et auprès des industriels qui comptent sur leur Centre Technique !
Tu as réalisé une vidéo qui explique ta démarche de formation et invite les personnes qui le souhaitent à participer financièrement. Comment t’est venue l’idée de cette vidéo ?
La crise sanitaire débutée le printemps dernier a remis en question le soutien financier du Cetim concernant ma formation. Je n’aurais sans doute pas réalisé cette vidéo si tout s’était passé comme prévu. Pour autant, ce témoignage va bien au-delà de la démarche de crowdfunding. J’ai envie de montrer qu’il ne faut pas attendre que le vent ait changé de direction pour choisir un nouveau cap. La transition énergétique commence par chacun d’entre-nous. Plus nous seront nombreux à partager nos expériences, plus ce mouvement global aura de chance d’embarquer encore plus de monde.
Sais-tu qui sont les donateurs ?
Il y a beaucoup d’anonymes. Des proches évidemment, de la famille mais aussi des personnes croisées dans mon travail qui m’encouragent. C’est motivant de voir que ma démarche crée de l’écho.
On entend souvent parler du monde d’après. Tu y crois vraiment à ce lendemain plus responsable et plus durable ?
J’y crois parce que c’est le seul moyen qu’il devienne un jour réalité. Il n’y a pas de raison que les conditions qui ont créé mon engagement ne se produisent pas chez d’autres. C’est ce qui me rend optimiste. Je suis convaincu qu’on a en nous la capacité à changer, comme on a su le faire avec le confinement. L’humain est plein de surprises et je parie qu’elles permettront d’opérer les changements nécessaires à rendre notre quotidien plus durable.
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Article du 04/01/2021 extrait de la série Un Centralien, un métier... publié dans la revue Technica La Revue des Ingénieurs de Centrale Lyon
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